Façon
de parler du:05/12/2003
DES
MOTS ET DES FAUTES : bourré/bourrelé Catherine Brousse |
Façon de parler du: 15/10/2004
LES
MOTS DU CORPS : cul
(MFI) Culus «derrière humain », était déjà populaire chez les Latins, mais
ce n’est qu’à partir du 17e siècle que les dévots et les bigots en font
un mot tabou, considéré par la bonne société catholique comme vulgaire et
grossier. Bien des synonymes sont censés être plus présentables : arrière-train,
croupe, derrière, fesse, postérieur, et même fondement ! Mais cul
n’a jamais cessé d’être employé, tant dans des expressions allant du plus
courant au plus incorrect (et nous devrons ici en censurer un grand nombre) que
pour former des dérivés tout à fait acceptables et acceptés.
Sous l’Ancien Régime, la culotte était un vêtement du dessus
descendant juste au-dessous du genou et porté exclusivement pas les nobles qui
regardaient de haut les sans-culottes, ces hommes du peuple qui ne
portaient, eux, que des pantalons. On sait ce que les seconds ont fait aux
premiers : la guillotine a contribué à la disparition de la culotte
aristocratique, mais le mot est resté dans des sens spécialisés tels que culotte
de cheval, jupe-culotte, couche-culotte ou, plus communément, pour désigner
un sous-vêtement, soit d’enfant soit de femme, encore que les petites
culottes, de soie ou de satin, tendent aujourd’hui à être remplacées
par les slips, strings, et autres anglicismes...
Le culot est le fond d’un objet, par exemple le fond d’une pipe. Une
pipe qui a beaucoup servi est bien culottée ; par analogie, une personne
culottée montre une assurance, une audace, qui frôle l’effronterie et
le toupet : « Eh bien, il ne manque pas de culot, celui-là ! ». Citons
encore quelques dérivés : acculer « pousser au fond », culbuter
« renverser cul par-dessus tête », basculer et bousculer,
reculer, etc.
Quant aux expressions populaires, elles sont légion : à trop hésiter, on
reste parfois le cul entre deux chaises, on reçoit des coups de pied
au cul sans toujours les mériter, surtout si on n’est qu’un pauvre cul-terreux,
un paysan, à moins qu’on ne soit comme cul et chemise, très ami, avec
quelque important protecteur qu’on aura bassement flatté en lui léchant le
cul... et même si on en tombe sur le cul de surprise, ou si l’on en a plein
le cul, c’est-à-dire ras-le-bol, il ne nous restera qu’à faire cul
sec et finir nos verres d’un seul coup en criant, fort vulgairement : «
Et mon cul, c’est du poulet ? », histoire de montrer sa dérision, une autre
façon de dire à ses ennemis, réels ou imaginaires : « Parle à mon cul,
ma tête est malade »...
LES
MOTS VOYAGEURS : girouette
(MFI) La girouette est cette plaque de métal découpé qui, placé au
sommet des édifices, tourne autour d’un axe vertical et indique par son
orientation la direction du vent. Elle peut prendre diverses formes, les plus
courantes étant la flèche et, en France, le coq. En ancien scandinave, la girouette
se disait vedrviti et ce mot serait arrivé jusqu’à nous par l’intermédiaire
du normand wirewite. Mais le mot a évolué sous la double influence du latin
girare « tourner » et de la pirouette qui désignait autrefois une toupie.
Bref, la girouette tourne avec le vent et c’est pour cela qu’au sens
figuré, elle en est venue à désigner une personne versatile qui change
facilement d’avis, surtout en politique : « On ne peut pas lui faire
confiance, c’est une vraie girouette » ou, au Québec, un vire-capot,
bref, quelqu’un qui « vire son pantalon », comme disent les Réunionnais...
AUTOUR
D’UN MOT : vaccin
(MFI) En latin médical, la variole de la vache était appelée variola vaccina
de vacca « vache ». Cette maladie touchait un grand nombre de personne, mais
à la fin du 18e siècle, un pasteur protestant, constata que les fermiers qui
trayaient les vaches malades n’étaient pas contaminés ; il en parla autour
de lui et un certain docteur Pugh de Londres commence à expérimenter la chose.
La première vaccination eut lieu en Angleterre en 1796 sur un enfant de
huit ans. La méthode fut importée en France en 1806 et cinq ans plus tard,
deux millions et demi de Français étaient vaccinés. Au début, on
appela cela la vaccine, comme la maladie que l’on inoculait au patient
pour l’immuniser. Mais le principe devait rapidement se généraliser,
d’abord avec la rage dont Pasteur essaya le premier vaccin en 1885,
puis avec le fièvre typhoïde et le choléra. Aussi garda-t-on le mot vaccin
pour désigner toute substance préparée à partir de microbes, virus ou
parasites, qui, par inoculation, permettent l’immunisation contre le germe
correspondant.
De nombreuses campagnes de vaccination ont fortement contribué au recul
de grandes maladies, particulièrement les six principales maladies infantiles,
rougeole, diphtérie, coqueluche, tétanos, poliomyélite et tuberculose. Contre
cette dernière, le B.C.G. doit son nom à ses inventeurs, Billié de
Calmette et Guérin. La vaccination, fortement recommandée,
obligatoire dans certains pays, a aussi de farouches adversaires qui lui
opposent des raisons soit scientifiques soit religieuses. Cependant, elle
sauverait, selon l’Office mondial de la santé (OMS), trois millions de vies
par an. Le vaccin fait désormais partie intégrante de nos vies
quotidiennes et du langage courant : « Il est majeur et vacciné », il
est assez grand pour prendre ses propres décisions et assumer ses responsabilités.
On disait aussi des bavards impénitents qu’ils étaient « vaccinés
avec une aiguille de phono », mais la formule a disparu en même temps que les
platines et on a changé de disque...
Sommes-nous si loin de la vache à qui nous devons ce mot essentiel ?
C’est à voir. « Tu as entendu comment il te parle ? » « Ne t’inquiète
pas, je suis vaccinée », l’expression populaire montre bien que
l’exposition répétée... aux « vacheries », de la vie ou des gens,
finit par conférer une certaine immunité...
JEU
DE MOTS : stellionataire
(MFI) Question : Savez-vous ce qu’est un stellionataire ?
1. Un lézard aux couleurs changeantes ?
2. Un escroc qui vend un bien dont il n’est pas propriétaire ?
3. Un collectionneur d’étoiles de mer ?
Réponse : La réponse 2 est la bonne. Le stellionataire
est celui qui se rend coupable de stellionat en vendant un immeuble qui
ne lui appartient pas en titre ou en le présentant comme libre alors qu’il
est hypothéqué. Le mot vient du nom que les Romains donnaient à un lézard
aux couleurs changeantes et, en latin populaire, le stellio désignait aussi
bien le caméléon que le fourbe.
Catherine
Brousse